FICHIER 1N1

FICHIER DES REGISTRES DE LA MORGUE
An VI à 1859

Fichier réalisé à partir des registres des archives de la police



Fichier croisé 1N1


Source :


Nouvelle histoire de Paris, la Restauration 1815-1830, par Guillaume de Betleir de Savigny, Hachette 1977 ; Archives de la police, registres de la police de l’an VI à 1859 ; wikipédia


Contenu :


Au terme de la vie de chacun de nous, il y a la mort. Elle fait partie de notre cheminement. Mais pour certains, elle se termine tragiquement. C’est ce que l’on découvre parmi les registres des absences et successions DQ8 relevés aux Archives de Paris, lorsque le greffier inscrit seulement le mot « morgue ». Il s’agit donc d’un décès accidentel, de la circulation, ou en sa baignant, ou suite à une mort violente (suicide, assassinat, émeute).


Le dépouillement des registres de la morgue aux archives de la police nous permet de lever un peu plus le voile qui entoure la mort de beaucoup de nos ancêtres.


A titre d’exemple, en 1852, un état complet permet d’apprendre que sur un peu plus de un million d’habitants intra-muros, ce qui exclue toutes les communes qui seront en 1860, annexées à Paris, il y a eu 420 entrées de corps, 345 corps ont été reconnus (282 hommes et 63 femmes), les autres cadavres n’ayant pu être identifiés.


Voici ce que nous avons appris pour environ 1800 de ceux-ci, une trentaine par an, toujours en fonction des « cent et un métiers » que nous étudions. Les registres étant présentés ainsi dans la plupart des cas. Ces registres étant plus difficiles à exploiter pour la fin de XVIIIe et le début du XIXe siècle. En effet, pendant 30 ans, de l’an VI à 1829, seule sont disponibles les descriptions physiques et vestimentaires des personnes déposées à la morgue. La plupart du temps, les noms et professions ne sont pas indiqués. Il faudrait se reporter à d’autres registres qui sont manquants. A partir de 1830 jusqu’en 1859, il n’y a aucun registre manquant.


Voici les précisions que l’on trouve :


Il n’est pas un acte qui n’éclaire d’un jour nouveau un personnage que l’on croyait connaître…


C’est dans le type de mort que l’on découvre les douleurs et les peines les plus cachées au sein de chacun d’entre nous. En voici quelques exemples : chagrin d’être tombé (tiré) au sort (pour la conscription), ou bien au contraire, chagrin de n’avoir pu contracter un engagement volontaire ; dégoût de la vie ; chagrin d’avoir été battu par son maître ; amour contrarié ; de l’inconduite de sa femme ; d’avoir perdu sa place ; de ne pouvoir rembourser ses dettes (pour son entreprise); d’avoir perdu au jeu (de loterie); de ne pouvoir accepter ce qu’il est (qu’en termes prudents, ces choses-là, sont dites) ; d’avoir communiqué la maladie vénérienne à sa femme ; pour mauvaises conduite ( ?) ; par manque de courage ; de (devoir) quitter la France pour cause (engagement) politique.


Quant aux circonstances, la première d’entre-elle est le suicide avant tout par submersion (dans la Seine, ou le canal Saint Martin), la chute un lieu élevé (la colonne de la Bastille ou autre), la suspension ou strangulation, l’asphyxie au charbon.


Viennent ensuite les morts accidentelles, en premier lieu, par apoplexie suite à la boisson, en se baignant, en se noyant pour s’être jeté dans la Seine par fanfaronnade, ou tout simplement en se lavant les pieds.


Il y a aussi ceux que l’on croit mort parce que dits « reconnus » et qui se représentent sains et saufs…


Mais il y a aussi des pages d’anonymes que l’on n’a pu identifier dits « tués d’un coup de feu » aux cours des journées insurrectionnelles de 1848. Et là, par exemple au sein de procès-verbal d’un certain FILLON Pierre, ébéniste, tué d’un coup de feu, le 24/02/1848, il est dit : « reconnu par le citoyen LEBRUN, ébéniste, adresses susdite (très probablement mon trisaïeul).


Les descriptions physiques sont précieuses, chacun en convient. Voici deux exemples : ledit sieur FILLON Pierre, ébéniste, tué par balle en février 1848 : 20 à 22 ans (en fait 18 lorsque la famille l’a reconnu), 1,70 m, cheveux noirs, front bas, sourcils bruns et fournis, yeux roux, nez moyen, bouche grande, menton rond, visage large. De même pour les descriptions vestimentaires. Autre exemple, celui de GOULIPEAU Jacques, serrurier, (ce membre étant de la parentèle de ma belle-fille). Veuf de N… Rosalie, s’est suicidé par suspension dans les vignes de Vaugirard, suite à une inconduite. Blouse bleue en toile, un gilet de tartan gris à carreaux verts, tricot en laine grise pantalon de velours bleu de ciel, chemise de calicot marqué CG, souliers napolitains, chaussettes de coton blanc, marquées SG, caleçon de coton, casquette ronde en drap gris de fer, mouchoir de coton à carreaux bleus, marqués CG, un foulard jaune non déposé, 3 f 50 et un couteau.


Paris ne se transformera que profondément après 1860, sous l’impulsion du baron HAUSSMANN…. Et l’on est surpris de lire : cadavre retrouvé pendu à un cerisier dans les vignes de Vaugirard, ou dans un fossé près des fortifications, ou dans les champs de Vitry (l’urbanisation est passée par là…).


« eclatdebois » n’a de cesse de répéter qu’au moins 6 chercheurs sur 10 sont susceptibles de retrouver des ancêtres à Paris. Nous l’avons déjà démontré au travers de notre fichier des listes électorales. C’est encore le cas dans le cas des registres de la morgue.


Ce fichier n’a aucunement la prétention d’être exhaustif, ne serait-ce parce que tous les disparus ne se retrouvent pas en exposition sur les stalles de pierre de la morgue, et sans leurs vêtements permettant à leurs proches de les identifier…


Historique :


Une morgue est une unité de conservation des corps durant le temps nécessaire pour que les familles ou que l’entreprise de pompes funèbres viennent retirer le corps. Un institut médico-légal est une morgue particulière destinée à recevoir, à des fins d’identification et d’autopsie :


Au XVe siècle, morgue a le sens de visage, de mine. Les prisonniers amenés dans les cellules basses du Châtelet de Paris étaient « morgués » par leurs geôliers, c’est-à-dire dévisagés avec insistance et probablement avec arrogance et mépris, afin de pouvoir les identifier en cas d’évasion ou de récidives. Par extension, le nom de « morgue » fut attribué à ces cellules. Le dépôt de cadavre du Châtelet est mentionné pour la première fois par une sentence du prévôt de Paris du 23 décembre 1371. Une autre sentence du prévôt, du 1er septembre 1734, associe la basse geôle du Châtelet à l’identification des cadavres.


Ultérieurement, lesdites cellules ayant été transférées dans un autre partie du Châtelet, la « morgue » fut affectée, au XVIIIe siècle et jusque vers 1807, à l’exposition des corps trouvés sur la voie publique ou noyés dans la Seine. Une ouverture pratiquée dans la porte permettait de les reconnaître « en se pinçant le nez comme on le devine aisément ! ».


En 1804, le préfet de police Dubois fait déménager la morgue quai du Maréchal-Neuf (à l’emplacement de l’actuel square de l’Ile de France). Notre étude ayant 1860 comme date butoir, nous n’avons pas fait état de le nouvelle implantation par le baron HAUSSMANN. Le seul département de la Seine, fournit environ un sixième de tous les suicides en France, si l’on s’en tient aux chiffres officiels de population (supérieurs, on le sait, aux chiffres réels, pour Paris), la Seine compterait en moyenne un suicide pour 3623 habitants, alors que la moyenne nationale était de un pour 17826. Deux fois plus d’hommes que de femmes mettent fin à leurs vie. Est-ce le signe que ces dernières restent plus attachées à l’enseignement de l’église ? Les moyens sont aussi caractéristiques : les femmes se jettent par les fenêtres ou, plus ordinairement, s’asphyxient au charbon de bois ; les homes utilisent les armes à feu et la strangulation. Mais la noyade reste de beaucoup la méthode préférée des uns et des autres ; il n’est pas de semaine sans que l’on retrouve quelques corps dans les filets établis à cette fin au pont de Saint-Cloud ; ils sont transportés à la morgue de Paris dans le « corbillard des suicidés », caisse doublée en cuivre pour ne pas laisser des traces sur la route ( !).


Les relevés de la police énoncent les motifs supposés des suicides : passion amoureuse – chez les jeunes gens notamment – pertes au jeu, débauche, folie ; mais surtout maladie et indigence. Cette dernière motivation apparaît avec une sinistre fréquence aussi dans les bulletins de police. Exemple, au 8 septembre 1819 : « depuis quelques jours, il y a eu un grand nombre de suicides ; la misère et l’abandon en ont été les principales causes. Il existe à Paris des individus dans le dernier degré du malheur et du besoin »


P.S :


« eclatdebois » dans le paragraphe dit « contenu », évoque de nombreux autres motifs de suicides et de décès mais qu’il convient de prendre en compte avec circonspection, tant les formulations administratives sont loin de pouvoir expliquer ce que recèlent nos consciences ( !).


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Archives de la Police, documentation sur la morgue


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Archives de la Police, documentation sur la morgue


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Archives de la Police, documentation sur la morgue