FICHIER 6C19

FICHIER DES FEDERES

DE 1815 - 1816



Fichier croisé 6C19


Source :


Histoire de Paris depuis le temps des Gaulois jusqu’en 1850, de Théophile LAVALLEE, 1852.


Contenu :


Ce précieux fichier a demandé un long de travail de recherche en raison de la grande disparité et de l’état des documents parfois en lambeaux, voir brûlés, qui nous a permis d’extraire 620 entrées. Il semble qu’il y avait 12 légions de volontaires fédérés de Paris. Nous n’avons pas trouvé trace des 3e, 5e, 7e et 8e légions. Mais les listes qui recensent ceux-ci, concernent l’armement qu’ils sont tenus de rendre. Les remarques telles que « a perdu son armement, a été laissé au camp, manquant à l’appel, ne l’a pas rendu, a refusé de le rendre, à rendu son schako et son sabre à une compagnie qu’il ne connaît pas ». Comme nous le constatons, l’enthousiasme n’est pas de rigueur...


Celles-ci recensent comme à l’habitude les cent et un métiers dont nous parlons sans cesse. Il y a aussi des lacunes.


Ce fichier comporte les précisions suivantes : patronyme, éventuellement pseudonyme, prénom, métier, adresse, grade ou .. de la dite garde nationale, mineur lorsque c’est le cas et parfois l’âge.


Historique :


Ce texte extrêmement détaillé et un peu long, dont le chercheur et internaute, ne nous tiendra pas rigueur, je l’espère, explique parfaitement la situation qui a précédé à la création des légions de fédérés.


« Napoléon à Paris, c’était la guerre avec toute l’Europe : il fallut s’y préparer. La capitale sortit de son apathie ; mais si elle ne montra pas sa mollesse de 1814, elle montra encore moins son ardeur de 1792. On fit des appels de volontaires : avec ceux des écoles, dix-huit compagnies de canonniers furent formées ; ceux des faubourgs composèrent un corps de vingt-cinq mille fédérés. On mobilisa une partie de la garde nationale comme armée de réserve ; on fortifia les hauteurs e Paris et les barrières, et on les arma de six cents bouches à feu ; on créa dix grands ateliers d’armes, avec sept ou huit mille ouvriers de tout état qui donnaient trois mille fusils par jour, etc. Napoléon déploya plus de génie et d’activité qu’il n’avait fait à aucune époque ; mais il ne parvint pas à jeter du phlogistique dans cette population usée, harassée, qui n’en voulait plus. D’ailleurs, une nouvelle crainte agitait la bourgeoisie, le petit commerce, la propriété : l’appel des fédérés avait fait croire au retour des moyens révolutionnaires, à un jacobinisme impérial. Quand on vit sortir de ses bouges, de ses ordures, de sa misère cette population étrange, qui semblait inconnue à la ville depuis les journées de prairial, quand on la vit avec ses guenilles, ses piques et ses bonnets rouges, ses cris, ses chants, ses menaces, vociférant la Marseillaise, A bas les prêtres ! Vive la nation ! on se crut revenu à 93, on revit la guillotine et la terreur, on craignit le pillage, et la bourgeoisie, consternée, épouvantée, n’eut plus qu’une pensée : se débarrasser de l’Empereur pour éviter ce qu’elle appelait « le règne e la canaille ».


Napoléon, en appelant les fédérés des faubourgs, avait fait contrainte à sa nature et donné un gage au parti républicain, qui l’obsédait ; mais ce n’était réellement pour lui qu’une vaine démonstration : il savait, à part sa répugnance pour les émotions populaires, qu’en faisant reprendre au peuple son rôle de 1792, il mettait contre lui tout ce qui formait alors l’opinion publique. L’informe tentative qu’il fit, eut même pour effet de paralyser une partie de ses forces, déjà compromises par les attaques de la presse et les dispositions de la Chambre des représentants. Aussi, quand, à une grande revue des Tuileries, les fédérés lui demandèrent des armes en lui disant que, s’ils en avaient eu en 1814, « ils auraient imité cette brave garde nationale, réduite à prendre conseil d’elle-même et à courir sans direction au-devant eu péril, » il « en promit, mais avec un visage profondément triste, des paroles pleines d’une visible répugnance, et il n’en donna pas ». « Il voulait, dit un de ses compagnons, conserver à la garde nationale une supériorité qu’elle aurait perdue si les fédérés eussent été armés ; il craignait ensuite que les républicains, qu’il regardait toujours comme ses ennemis implacables, ne s’emparassent de l’esprit des fédérés… Prévention funeste, qui lui fit placer sa force autre part que dans le peuple et lui ravit par conséquent son plus ferme soutien ! »


« eclatebois »