FICHIER 6C31a

LES TRANSPORTES DES JOURNEES DE JUIN (1848)

LES TRANSPORTES DE BELLE ILE (complément)

LISTE DES DETENUS GRACIES

Bibliothèque Nationale de France/Gallica/Journal Le Constitunionnel et criminocorpus.cnrs.fr



Fichier croisé 6C31a


Source :


Wikipédia, l’Algérie Française et les détenus de juin 1848, site http://persée.fr/1981 et Journal Le Constitutionnel et http://criminocorpus.cours.fr et Itinéraires littéraires XIXe siècle, Hatier 1994.


Contenu :


Ce fichier comporte 697 entrées. Nous estimons qu’il n’est pas superflu d’insister sur la rigueur de notre présentation. Celle-ci permet, quel que soit le sujet traité et quelle que soit l’époque, même sur une longue période, à savoir un siècle et demi, de retrouver les mêmes informations, sans la moindre hésitation.


A partir des 3.429 noms recensés dans les colonnes du journal Le Constitutionnel, ceux des transportés lors de neuf convois, Gilbert BARREAU a conservé 2.898 patronymes. La différence est due à une liste, la première (celle du convoi de la nuit du 05 au 06/08/1848) qui ne mentionne ni la profession, ni le lieu de naissance, deux précisions indispensables pour notre dictionnaire. Sur ce nombre de 2.898 noms, nous avons donc travaillé sur 785 patronymes. Reste encore à déduire 88 noms qui sont sans précision aucune. Reste en définitive 697 personnalités au sens propre du terme, notre but, à étudier.


La première constatation qui s’impose comme une évidence, est celle que les parisiens de souche sont minoritaires. Seulement 29% des personnes concernées, soient un peu plus du quart. Ce qui nous incite à affirmer que trois familles sur quatre, qui se disent sans attache dans Paris, sont dans l’erreur. Chacune d’entre elle, si elle n’y est pas née, y a travaillé, s’y est marié, y a séjourné ou y est décédé.


Remarque : Parmi les 697 noms étudiés, il y a 10 pseudonymes et 51 repris de justice.


Historique :


Notre but n’est pas d’écrire un nouveau chapitre d’histoire. Nous n’avons ni la compétence, ni le désir de la faire. Notre seul souhait est de replacer nos ancêtres dans un contexte historique. A la lecture de « itinéraires littéraires » nous sommes consternés par l’attitude provocatrice d’une bourgeoisie campant sur ces certitudes, son orgueil et son égoïsme.

Bafouant la devise de la République en confortant des monarchies démunies de toute clairvoyance. Comment s’étonner que les classes populaires, laborieuses et exsangues, ou du moins leurs représentants ne restent pas insensibles aux exhortations de grands historiens ou poètes. Nous n’en citerons que deux : Michelet et Alfred de Vigny.


Dans les années qui précédent la Révolution de 1848, la jeunesse éprise de liberté et de justice républicaines, se presse aux cours de Michelet qui enseigne alors au Collège de France. Malgré les rappels à l’ordre des autorités politiques et universitaires, Michelet exalte la communauté fraternelle de la nation (Le peuple, 1846). Visiteur du passé, il compulse des milliers d’archives, interroge les derniers témoins de 1789, pour l’Histoire de la Révolution française qu’il publie de 1847 à 1853. A cette œuvre répond l’écho spectaculaire des émeutes de février 1848. La Seconde République est née. Michelet triomphe au Collège de France. Mais la troupe tire sur les ouvriers en juin : l’enthousiasme est brisé. Pour Michelet, une victoire du peuple est impossible tant que celui-ci ne recevra pas une véritable éducation. C’est sur ce thème qu’il professe en 1849 et 1850. Mais ses idées républicaines lui valent la suspension de son cours au Collège de France lorsque Louis-Napoléon devient empereur, en 1852.


Le règne bourgeois de Louis-Philippe (1830-1848) le blesse profondément. « Libéré de ses superstitions politiques », comme il le dit lui-même dans son Journal, Vigny évolue dès lors vers des sentiments humanitaires, s’intéresse au christianisme social de Lamennais et adopte même certaines idées républicaines. Renonçant momentanément à la poésie, il entreprend d rédiger une épopée en prose de la « désillusion » qu’il consacre, selon sa propre formule, aux « parias » de la société, c’est-à-dire à ceux qui préfèrent vivre dans la misère et parfois mourir, plutôt que de renoncer à leur idéal ou de subir le joug du monde matérialiste.


Le 23 juin 1848, en signe d’opposition à la fermeture des Ateliers nationaux, les insurgés dressent des barricades. Le ministre de la guerre, le général Cavaignac donne l’ordre au général Damesme (1) de mater la révolte. Le 26 juin 1848, la dernière barricade tombe faubourg Saint Antoine. Ces journées révolutionnaires ont fait de nombreuses victimes tant parmi les insurgés que parmi les forces de l’ordre (2). Les survivants sont mis aux arrêts par la Garde nationale et la Garde mobile pour être déportés ou plus exactement transportés par un décret de l’Assemblée nationale du 27 juin 1848, qui stipule : « Article premier : Seront transportés (3) par mesure de sûreté générale, dans les possessions d’outre-mer autres que celles de la Méditerranée (4), les individus actuellement détenus qui seront reconnus avoir pris part à l’insurrection des 23 juin et des jours suivants. Les femmes et les enfants des individus ainsi transportés hors du territoire seront admis à partager le sort de leurs et pères. »


Sur les 11671 individus susceptibles d’être concernés par le décret de juin 1848, seuls 459 sont finalement détenus à Belle-île, avant d’être transférés à la casbah de Bône en Algérie deux ans plus tard. Les frégates à vapeur les transportant, le Gomer et l’Asmodée, partent des ports de Cherbourg et Brest le 21 février 1850. La liste des ces « 459 transportés » a été établie par le chercheur du CNRS Louis-José Barbançon et est consultable ; les détenus en question sont majoritairement des provinciaux.


(1) Blessé lors de l’attaque du Panthéon, le général Damesme devait mourir, en juillet, des suites de l’amputation d’une jambe.


(2) 12000 tués ou fusillés du côté des rebelles et 1460 chez les forces de l’ordre, selon Jacques Houdaille : Les Détenus de juin 1848. Site http://persée.fr 1981


(3) On imagina la transportation, qui ne devait pas, comme la déportation, entraîner l’idée de peine judiciaire, mais qui était prononcée administrativement par mesure de sûreté générale. Dictionnaire de la Conversation, tome 6. 1853


(4) La loi du 24 janvier1850 désignera finalement l’Algérie comme lieu de transportation. http://www.criminoscorpus.cnrs.fr d’après wikipédia, articles « L’Algérie Française ».


Près des deux tiers des détenus furent libérés dans les six mois qui suivirent leur incarcération. Contrairement à la légende qui prévalut en Algérie, très peu furent exilés dans ce pays. Il y a eu sur ce point confusion avec l’envoi de chômeurs parisiens qui furent transportés de leur plein gré à la fin de 1848, mais qui n’avaient guère participé à la rébellion. La proportion des décédés en prison ou en déportation n’atteint pas 1%, ce qui, à première vue, laisserait supposer que les détenus ne furent pas maltraités. Mais nombre d’entre eux bénéficièrent d’une libération rapide (…). Nous avons pu calculer que les détenus n’étaient resté en moyenne que 7,45 mois en observation, d’après Jacques Houdaille : Les Détenus de Juin 1848. Site http://persée.fr 1981.


Etude sociologique :


Nous avons peaufiné les listes du journal et obtenu les informations suivantes. L’étude est scindée en trois chapitres : celui des lieux de naissance, celui des tranches d’âge, celui des professions.


1ère étude : celle des lieux de naissance :









a) Paris ancien (12 arrondissements)26%
b) Anciennes communes de la Seine que nous nommons (près Paris, Seine) et qui deviendront en 1860, les huit autres arrondissements3%
c) Ancienne Seine et Oise (départements : 78, 91, 92, 93, 94 et 95)6%
d) Seine et Marne (77)4%
e) Autres départements56%
f) Etranger4%


2ème étude : celle des tranches d’âge :


Outre 17 noms qui ne comportent pas de précision, reste dans ce cas 768 personnes à répartir. Mis à part, ce qui nous semble être une erreur, la présence d’un enfant de mois de 13 ans, la répartition est la suivante, quelle sue soit le lieu de naissance :









a) Mineurs de moins de 20 ans (en réalité, la majorité civile était de 21 ans)10%
b) De 21 à 30 ans33%
c) De 30 à 40 ans31%
d) De 40 à 50 ans19%
e) De 50 à 60 ans6%
f) Plus de 61 ans1%


3ème étude : celle des professions :


Métiers du bois (nous en profitons pour démontrer notre appellation des « cent et une professions ». V


a) Métiers du bois :


Menuisier modeleur, menuisier en fauteuils, tabletier garnisseur, tabletier en corne, facteur de painos, facteur de billards, billardier, tourneur en bois, sculpteur sur bois, graveur sur bois, parqueteur, scieur de bois, scieur de long, scieur à la mécanique, marchand de bois, fabricant de meubles, marchands de meubles, entrepreneur de menuiserie, fabricant de chaises, mortaisier, marchand de scieure,….


Soit 41%


b) Métiers relevant du métal et de la mécanique :


Fondeur, tourneur (sans précision), cloutier, tailleur et marchand de limes, rémouleur, taillandier, mécanicien, serrurier, quincailler, découpeur, brunisseur, taraudeur, mouleur, fabricant de bronze, monteur, mouleur en fer, en cuivre, polisseur, lamineur en fer, …


Soit 35%



c) Métiers relevant des tissus et des peaux :


Tapissier, tisserand, tisseur, satineur, passementier, peaussier, mégissier, tanneur, épurateur matelassier, matelassier, plumassier, apprêteur, broyeur de couleurs, marchand de couleurs, teinturier, …


Soit 11%


d) Métiers relevant du marbre de la décoration


Horloger, monteur, polisseur en or, argenteur, monteur en bronze ou en cuivre, ciseleur, vernisseur, doreur sur bois ou métal, miroitier, sculpteur (sans précision), gainier, vernisseur en cuivre, tourneur en corne, scieur de marbre, mécanicien, marbrier, entrepreneur de marbrerie, peintre doreur, bronzeur, …


Soit 18%.


eclatdebois